Un début de partage du pouvoir ? L’Assemblée Citoyenne de Poitiers

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20 avril 2022

Par Myriam Bachir, Myriam Bachir est maîtresse de conférences à […]

Par Myriam Bachir,

Myriam Bachir est maîtresse de conférences à l’université de Picardie Jules Verne et chercheuse au CNRS en Science Politique. Ses travaux interrogent les transformations démocratiques, les formes de l’implication citoyenne dans les processus de décision, la fabrique des publics participatifs et le partage du pouvoir politique dans les démocraties contemporaines.[1]

Ce fût un moment fort ce 7 mars 2022 dans la salle du Conseil Municipal. C’est là que les élu.e.s adoptent à l’unanimité des voix exprimées, la délibération validant l’Assemblée Citoyenne et Populaire de Poitiers. Devant un hémicycle d’une cinquantaine d’élu.e.s, (38 majoritaires, dont 28 de la liste citoyenne et participative « Poitiers Collectif », 2020), des citoyen.nes tirées au sort et volontaires de l’Assemblée de Préfiguration, sont venu.es défendre l’assemblée qu’ils ont imaginé avec des élu.es et agents de la ville de 90 000 habitants.[2] L’Assemblée de Préfiguration (AP) de 38 personnes —30 habitant.es tiré.es au sort et volontaires, parmi lesquel.les des acteurs des quartiers, 6 élu.es de la majorité (4 non encarté.e.s, 1 EELV, 1 PC) et 2 agents—, animée par Fréquence Commune et Démocratie Ouverte, a eu pour mandat de co construire pendant 3 week-end (novembre 2021 à février 2022), la raison d’être, les principes de fonctionnement, le rôle, la composition et les missions de la future assemblée citoyenne de Poitiers.

Insolite photographie de la tribune

La tribune, peu commune au sein de cette arène de pouvoir, est suffisamment inhabituelle pour être relevée. Au perchoir, pour présenter et argumenter l’ACP, une majorité de femmes.

  • 4 sur 5, dont 2 élu.e.s de la liste citoyenne et participative, Poitiers Collectif (la Maire et la première Adjointe en charge de la Démocratie Locale)
  • 2 citoyennes de l’AP, (Elea Bocquet, 26 ans, l’une tirée au sort et Marion Boilet, 32 ans, volontaire).

Á elles 4, elles totalisent une moyenne d’âge de 33 ans.

  • Le cinquième orateur, 47 ans, Christophe Touchais, habitant membre volontaire de l’AP, sourd et muet, défend l’Assemblée Citoyenne et Populaire en langage des signes, accompagné d’interprètes, face à un parterre d’élu.es peu routinier.es d’une telle configuration.

L’ensemble de cette assemblée représente ce que signifie un espace de co-construction expérimental et inclusif

Ce qui est notable, c’est à la fois la distribution inversée des répertoires et l’antithèse de la sociologie de la représentation politique traditionnelle. Comme lorsque l’on observe le ruban négatif d’une photographie argentique qui donne une image inversée du réel : ici des femmes, jeunes, citoyennes, une personne en situation de handicap, des profanes en politique représentent le collectif, dans une instance représentative par excellence.

Eléa, Marion, Ombelyne, Christophe, 4 citoyen.nes de Poitiers, tiré.e.s au sort, volontaires et élu.es, membres de l’Assemblée de Préfiguration présentent au Conseil Municipal les principes de fonctionnement de l’Assemblée. « Il parait que la présentation d’un projet par de « simples citoyen.ne.s » en Conseil municipal ne s’était pas fait depuis belle lurette » commente un membre volontaire de l’AP.

« Réparer la démocratie »

L’instant est solennel et derrière les gestes tremblants, hésitants et les voix chevrotantes, l’émotion, la responsabilité doublée de force de conviction sont palpables. La première adjointe à la démocratie, à l’innovation démocratique et à l’engagement citoyen, Ombelyne Dagicour ouvre le bal avec un discours grave, limpide, d’une précision chirurgicale dans le choix des mots. Elle affirme l’importance et le sérieux de l’entreprise. Elle évoque la nécessaire transition démocratique en direction des citoyens et l’urgence du partage du pouvoir. A 33 ans, titulaire d’un doctorat, convaincue de la cause participative et citoyenne, allochtone, novice en politique et primo entrante en mandature, l’élu.e est à l’image de la sociologie des candidat.es des listes citoyennes et participatives.

« Enlisté.e.s » et non encartées, ces candidat.es décident de faire le pas par le mandat municipal en 2020. Depuis Poitiers Collectif, « POCO », le collectif de citoyen.nes qui a mené la campagne municipale, celle qui allait en avoir la charge élective, n’a eu de cesse de convaincre ses colistiers de la légitimité et de l’urgence d’une « réparation » démocratique. « Réparation » : le mot est d’importance et lourd de sens : « Réparation » s’entend à la fois comme la remise en état de quelque chose qui ne fonctionne plus et aussi sous l’angle presque psychologique. Se dessine l’idée d’une nécessité post traumatique, de dette contractée à l’égard des citoyen.nes victimes d’un système politique descendant. La verticalité politique exclut, par là même dépossède et constitue une forme de violence institutionnelle.

La sortie du maire sortant

L’enquête menée sur les communes issues de Listes Citoyennes et Participatives (LCP) met en relief une tendance à l’appropriation de la participation citoyenne par les élu.es de la minorité. Si la transition démocratique constitue un pilier des programmes LCP, leurs adversaires en revendiquent la paternité et en font un enjeu clivant. Ce constat est plus saillant encore de la part des équipes sortantes. Confirmation de ce constat à Poitiers, où l’ancien maire PS, 70 ans et la liste « Poitiers, l’Avenir s’écrit à taille humaine » perdent les élections (35.60%), après 2 mandats successifs, face à la liste « Poitiers Collectif, Ecologie, Justice Sociale et Démocratie », conduite par Léonore Moncond’hui, 32 ans (42.43%).

L’ancien maire quitte la salle du Conseil Municipal avant la présentation de la délibération portant sur l’Assemblée Citoyenne et Populaire. Les citoyen.nes de l’AP l’interprètent comme un déni de démocratie, une offense, que l’un d’eux décrit avec ces mots :

« Au vote, les élu.e.s de la liste d’opposition à tendance PS se sont abstenu.e.s. Et Alain Claeys, ancien maire devenu « simple » conseiller municipal, a quitté assez discrètement la réunion, avant la présentation du projet d’ACP. A se demander si ce monsieur, qui se dit « socialiste », qui fut aussi député, président de l’agglomération et président d’une dizaine d’autres instances (Conseil de surveillance du CHU, Syndic des Eaux, etc., etc.), s’intéresse ou pas à des démarches de démocratie participative, de démocratie impliquante, ou au moins visant à impliquer de façon volontariste et constructive les habitant.e.s. ».

L’opposition s’oppose et bloque : rhétorique politique du vieux monde versus rhétorique participative d’un monde nouveau

Jeu de rôle, posture, choc de cultures politiques, incarnation d’un passé révolu ou aigreur du déchu mauvais perdant, un élu minoritaire de l’équipe sortante prend longuement la parole dans un discours à charge. Le réquisitoire préparé et lu, convoque les figures rhétoriques courantes de la démagogie, du paternalisme, de l’intimidation et de la condescendance, bref, des répertoires classiques de la domination politique. Á la manière de mots valise qu’il convient à tout prix de prononcer, la terminologie participative « à la mode » (« Empowerment », « pouvoir d’agir » etc.) est scandée de manière désordonnée. La menace de recours juridique pour non légalité, le rappel à la loi et au sérieux des règles à respecter au sein de cette enceinte, sont évoqués par un élu professionnel de la politique en forme de leçon en direction de profanes.

« (..) Je ne dis pas cela pour empêcher le processus, je le dis pour le sécuriser. La délibération qui, si nous sommes amenés à la voter, pourrait être contestée et le sera. Je demande donc le report du vote pour que nous sécurisions le processus. Mais vous pouvez en rire, mais prendre à la légère la légalité des formes que doivent prendre nos échanges c’est dommage ». Un recours pour illégalité de la délibération de l’ACP est déposé quelques jours après la validation de l’Assemblée Citoyenne et Populaire de Poitiers par le vote du Conseil Municipal.

S’il salue l’engagement des citoyen.nes, l’élu, en posture d’opposition, demeure dans une logique de méfiance vis-à-vis des élu.es dans leur rapport aux habitant.tes. La mixité —citoyen.nes, élu.es et agents —, au cœur de la raison d’être de l’Assemblée Citoyenne et Populaire, suscite des inquiétudes face aux velléités de contrôle politique et aux risques d’absence de sincérité de la part des élu.e.s. Des usages politiques bien établis par les sociologues de la participation —instrumentalisation, domestication, légitimation politiques — sont mis en avant. Au-delà des individualités ou d’une analyse essentialiste ou psychologisante, il y a dans ce qui se joue là, une dimension consubstantielle au système politique, binaire, fondé sur le fait majoritaire, par lequel la minorité a pris l’habitude d’exister comme synonyme d’opposition.

Ces interactions mettent en évidence une coupure entre des univers et des visions du monde. Les arguties, le ton procédurier dénotent avec le registre apaisé et scrupuleux de la tribune.  La confiance et l’écoute ont également présidées au processus d’élaboration par l’Assemblée préfiguratrice et par son Comité de Pilotage, emprunts de respect et d’égalité entre les partenaires du triangle démocratique. L’irruption, précisément à ce moment d’achèvement et de consécration, d’un exercice de style ergoteur et politicien, a quelque chose de déplacé, hors sujet, incongru. Anachronique, il apparait comme appartenant à un autre monde, au passé, au « vieux» monde. Ce hiatus témoigne d’un choc de cultures, un non entendement de la grammaire démocratique en train de s’écrire qui ne permet pas de (se) trouver (à) sa place dans le paradigme de citoyenneté en devenir.

Donner de sa voix et pas seulement sa voix : une leçon de démocratie citoyenne

Les citoyen.nes de l’Assemblée de Préfiguration non initié.e.s à ces arcanes politiques, ne s’attendaient pas à la tournure vindicative de la délibération. Leur prise de parole, dans ce lieu non familier et potentiellement intimidant, met en relief ce que les apprentissages mutuels et appropriation doivent au temps et aux initiations aux méthodes de travail entre éducation populaire et «intelligence collective ». L’Assemblée soumise au vote des élu.e.s est leurs, et en tant que telle, les membres de l’AP se livrent à un exercice de pédagogie, de défense et d’illustration de l’Assemblée Citoyenne et Populaire qu’ils ont pensé collectivement.

Le rejet de la politique politicienne et électoraliste dont témoignent les précédentes joutes oratoires, est formulé avec force et émotion. La nécessité d’une co élaboration tripartite est expliquée par les habitant.e.s en direction des élu.e.s qui s’en méfieraient. Forts de ce qu’ils ont appris et débattu, elles et ils exposent et argumentent les différences entre les niveaux de la participation et précisément entre consultation et co-construction. Cette dernière peut garantir le dépassement de l’avis consultatif et offrir des chances de perspectives décisionnelles et d’actions publiques. Le point de vue est illustré en prenant appui sur les limites de la Convention Citoyenne pour le Climat (voir ci-dessous).

Chacune.e exprime le goût nouveau ou retrouvé du collectif, le besoin de participer à la vie politique locale, de renouer avec des enjeux qui les dépassent et de mieux connaitre leurs élu.e.s. L’infantilisation discursive des citoyen.nes, qui postule un enrôlement malgré eux, est également rectifiée par l’affirmation apaisée, de conscience, de responsabilité et de volontarisme citoyen.

Plutôt que de proposer une analyse lexicale qui découperait et segmenterait les propos, il est préférable de donner à lire et à entendre in extenso les paroles citoyennes trop longuement et trop souvent tues.

Après une présentation à la tribune, Elea Bocquet, 26 ans, étudiante en formation d’éducatrice, tiré.e au sort, reprend le micro depuis l’amphithéâtre : « J’avoue être choquée de ce qui est avancé. Je pensais que c’était un travail où tous les élu.es de la majorité et de la minorité avaient adhéré et participé à l’évolution de ce projet. Je ne pensais pas du coup qu’il y aurait ce revirement de situation aujourd’hui. Le projet était pensé dans la co-construction. C’est vraiment la base de l’Assemblée, essayer de faire avec la majorité, la minorité et les avis qui sont en désaccord. Mais pas au moment de la délibération. Il ne faut pas que ce soit quelque chose qui soit remis en cause fondamentalement et qui a été travaillé depuis des mois et qui aurait dû évoluer vers un sens commun. Pour moi, c’est inacceptable que ce soit totalement remis en cause alors que vous auriez eu la possibilité de donner votre avis et de proposer des modifications. On les aurait accueillis à bras ouverts. Dans le groupe de propositions il y a 2 élus de la minorité et le groupe de proposition a potentiellement « plus de pouvoir » (elle fait le geste des guillemets) que le groupe de méthodologie. Ensuite, vous dites, « vous vous êtes précipités », mais en fait, nous ce que nous avons dit au départ, c’est que notre parole a du mal à être entendue et écoutée, là on nous a donné la possibilité de le faire. J’ai 26 ans. Je n’ai jamais voté. Je n’ai jamais eu confiance dans la politique. On m’a donnée l’opportunité de donner mon avis et cet avis il a été écouté, je remercie grandement. Sur le temps, la durée, si on avait mis plus de temps, je crois que les citoyen.nes diraient la même chose, plus ça prend du temps, plus on perd la confiance, plus on se lasse… Et puis, c’est voué à l’expérimentation. Il y a plein de choses qui sont ouvertes, parce que justement il faut qu’on expérimente. Il faut que vous nous fassiez confiance. C’est fondamental. Vous avec dit 5 ou 6 fois le mot confiance, mais vous ne nous permettez pas d’expérimenter. Vous ne nous faîtes pas confiance en posant votre véto aujourd’hui. »

Benoi Laurent, Agriculteur, 62 ans, citoyen volontaire prend la suite : « J’ai calculé, on a été une quarantaine d’heures ensemble avec 29 autres personnes que je ne connaissais pas. Des élu.e.s que je ne connaissais pas et 2 agents municipales que je ne connaissais pas. Je n’ai pas entendu en 40 heures un ricanement, une moquerie, une prise de bec. Par contre, j’ai entendu des avis différents et on a pris le temps d’argumenter, de s’expliquer sur les façons différentes de voir les choses et on a pondu un document de 8 pages. Alors, évidemment, quand on est dedans, peut-être que les phrases, les formulations se comprennent plus facilement au bout de 40 heures que quand vous découvrez ce document. OK là-dessus. C’était un projet de l’équipe municipale qui a été élue il y a 2 ans. Moi, je trouve bien qu’au bout de 2 ans on arrive à faire une proposition en Conseil Municipal pour la concrétiser la troisième année, à mi-mandat. Bon ça va quand même quoi. Et je préfère ce type de projet qu’une construction de piscine. Effectivement, c’est voyant une piscine, mais ce n’est pas ce qui fait toujours le bonheur de la grande majorité. Sur la participation, il y a eu des petites moqueries sur le site, « je clique, je participe » sur le site de la mairie. Il me semble que même si les 90 000 habitant.es de Poitiers peuvent s’exprimer via le site municipal, il y en a relativement peu qui s’expriment par ce moyen. Donc il faut trouver d’autres moyens d’inciter les gens à participer et pas seulement dire « Oh l’équipe municipale… La Maire elle a décidé ça… ». C’est une autre démarche que de proposer au gens, « au lieu de critiquer », parce que c’est tellement facile de critiquer, « venez participer à l’Assemblée Citoyenne et avancez sur vos façons de voir ». Il y a une originalité dans ce dispositif, c’est qu’on appelle tou.tes les habitant.es et personnes extérieures qui travaillent à Poitiers à faire des propositions de sujet. On ne connait pas les sujets, peut-être que ce sera les crottes de chiens, peut-être que ce sera les déplacements des personnes âgées dans la ville, peut-être que ce sera les bruits nocturnes etc., peut-être que ce sera colorer en rose la Mairie ou je ne sais pas quoi… On verra, il y a peut-être 300 ou 500 sujets qui vont sortir. On le souhaite qu’il y ait autant de sujets. On verra quels sont les sujets qui sont recevables et ceux qui ne le sont pas. Mais on ne va pas censurer en disant « il n’est pas question que l’on parle des crottes de chiens », si c’est une majorité qui veut parler de cela, on parlera de cela. Et ce n’est qu’à partir du choix du sujet, que des personnes qui ont envie de discuter de cela se manifesteront en disant, « OK moi j’ai envie de venir à l’Assemblée pour participer ». C’est une originalité. Ce n’est pas, « venez ! Il y a 100 personnes et on sortira un sujet du chapeau ». Ce n’est pas cela, c’est tout à fait le contraire, et ça c’est quelque chose d’expérimental que l’on trouve intéressant. Ensuite, le groupe méthodologique ne fait que des propositions d’outils, mais ne choisit pas le sujet Dernier point, on avait dans le groupe qui animait, qui a été payé par les contribuables, par la mairie, pour nous accompagner sur le plan méthodologique, une personne qui avait participé à la Convention Citoyenne pour le Climat. Une des raisons de l’échec de la CCC est que les membres ont dit on ne va pas soumettre nos propositions à referendum ou on ne va pas aller les présenter à l’Assemblée Nationale parce que les élu.e s n’ont pas la culture que l’on a acquis pendant toute cette démarche et ils ne vont pas gober le truc. Et donc, il ne faut pas que ce soit seulement des habitant.es qui cogitent seuls de leur côté, qui voient les enjeux et fassent des propositions, il faut que ce soit un assemblage en dialogue avec des élu.es. Essayons de co-construire et de ne pas trop jouer au ping pong. On est filmé là ce soir. Il y a des gens qui regardent sur leur téléphone ou sur leur ordi. Essayons de montrer qu’à Poitiers il y a une capacité de dialogue et de co-construction. »

Benjamin Bellegarde, 26 ans, Ingénieur secteur public : « Merci de me donner la parole, Benjamin, je fais aussi partie du groupe de préfiguration. J’ai été volontaire tiré au sort parce qu’il y avait beaucoup de volontaires. Je voulais juste insister sur ce dernier point qui a été donné par Benoit. C’est que c’est une décision du groupe de préfiguration de faire intervenir les élu.es. Cela a été décidé tou.tes ensemble, pour que justement ce processus de co construction puisse aboutir et qu’il soit accepté par tou.tes, autant par les citoyen.nes, que les élu.es et que les agents puisqu’il y avait aussi des agents. Donc, c’est-à-dire d’avoir un projet qui est viable et qui puisse aboutir derrière. On sait que sans élu.es en fait la plupart des projets pourrait ne pas aboutir parce que ce n’est pas une volonté politique ou que ça ne va pas dans le sens des priorités politiques de l’élu.e. Justement l’idée du projet, est que chacun façonne, de son côté, la boule à facettes et que l’on puisse avoir ensemble un projet qui fonctionne sur le terrain, qui aboutisse et qui convienne au maximum de personnes. Combien de projets ont échoué parce qu’ils n’étaient pas co-construits Il doit y avoir plein d’exemples surement plein à Poitiers. Je n’ai pas assez d’historique par ce que ça ne fait que 1 an que je suis ici. Pour moi ce groupe de préfiguration c’était aussi un moment important, parce que je venais d’arriver dans la ville et je cherchais un moyen un peu de participer à la vie locale et ça a été une super occasion. Donc je trouve important qu’il y ait ce genre d’initiatives à travers l’Assemblée Citoyenne et Populaire, mais aussi être au contact des élu.es. Souvent ce sont des personnes qu’on n’identifie pas, qu’on voit vaguement dans les journaux, et encore si on lit la presse sur les différentes politiques menées. Je trouve que c’est un bon moyen d’approcher la vie politique locale. Et un dernier point sur la CCC, en effet, beaucoup de choses n’ont pas abouti parce que justement il n’y avait pas de processus de co-construction, parce que les dirigeants et les différents ministres et agents des ministères qui pouvaient être concerné.es n’ont pas pris part à l’élaboration de ces propositions, n’ont donc pas décidé ensemble et ça n’a pas abouti car pas accepté par tou.tes. ».

L’Assemblée Citoyenne et Populaire est adoptée en l’état et sans filtres à l’unanimité des voix exprimées. Ses travaux débuteront à l’automne, à observer, à suivre, elle demeure à écrire

[1] Quelques références des travaux Myriam Bachir, Et si les habitants participaient ? Entre participation institutionnelle et initiatives citoyennes dans les quartiers populaires, Editions Licorne, L’Harmattan, 2018. Avec Rémi Lefebvre (CERAPS), «La fabrique des publics de la participation : l’aléatoire et l’obligatoire dans la constitution des conseils citoyens à Amiens et Lille», numéro spécial coordonné par Marie-Hélène Bacqué et Jeanne Demoulin, Les conseils citoyens, beaucoup de bruit pour rien ?, Participations, 2019/2 (N° 24) https://www.cairn.info/revue-participations-2019-2.htm. «La consultation publique. Nouvel outil de gouvernabilité et transformation des registres et répertoires d’action publique», in Erik Neveu et Bastien François (dir.), Espaces publics mosaïques. Acteurs, arènes et rhétoriques des débats publics  contemporains, Presses Universitaires de Rennes.

[2] https://www.youtube.com/watch?v=xOeVxAhW1Yg&t=3s